Le samedi 15 octobre 2016, le Football Club de Labattoir avait rendez-vous avec son histoire. La finale de la Coupe de France régionale qui se jouait à Bandraboua, au nord de l’île contre le Football Club de Mtsapéré (FCM).
Après deux semaines de dur labeur, après deux semaines d’intenses entraînements entre Labattoir et Bandraboua, l’équipe est prête pour affronter un adversaire plus fort sur l’organisation, sur les papiers et sans doute sur le terrain.
Pour illustrer cette affirmation, arrêtons-nous quelques secondes sur les 2 équipes.
En coupe de France, FCL joue sa première finale de la coupe de France alors que FCM joue sa huitième finale. Sur le plan financier, FCM a un budget qui avoisinerait les 80.000 €uros tandis que FCL a un budget de moins de 40.000 €uros.Au niveau de l’encadrement le FCL fonctionne avec un entraîneur épaulé par des joueurs pendant que FCM en dispose d’une dizaine. Pour terminer avec les comparaisons, FCM disposerait presque totalement de son stade et FCL doit partager le sien avec l’USCL et le rugby.
Revenons sur la rencontre prévue au stade de Bandraboua, le seul de l’île où l’on peut pratiquer du bon football, faut-il encore savoir contrôler un ballon. Pour les Labattoiriens, le rendez est pris pour l’amphidrome de 11h45. Staff, joueurs et supporters tous sont au rendez-vous. Vers 13h30 toute la délégation est arrivée à Bandraboua. Comment allons-nous passer pour arriver au stade car nous sommes nombreux, le chemin est étroit et la sécurité est au niveau maximal. Nous sommes passés un à un en montrant carte blanche ou billet mais nous sommes passés. Les supporters ont pris place dans les tribunes qui attendent 1 million et demi d’euros pour voir le jour et les joueurs prendront place dans l’école en face du stade transformé en vestiaires le temps d’un match de football.
À 15h30 l’heure H a sonné et les 22 acteurs sont sur le terrain synthétique où personne n’a l’habitude de jouer mais dans tous les cas, prêts à en découdre pendant 90 voire 120 minutes. D’un côté, les bleus de Labattoir emmenés par le coach Schaka et de l’autre les reds de Mtsapéré entraînés par Massoundi. Parmi les 22 titulaires, un joueur attire l’attention de nombreux supporters : Said Houmadi alias Kanu de Labattoir et des questions fusent. Fallait-il le faire jouer ? Fallait-il le titulariser ? Des questions qui semblent légitimes car ce dernier n’a pas disputé le moindre match durant la saison. Et à 40 ans passés même si la tête dit oui le corps pourrait ne pas suivre. A moins d’être un Camerounais et d’être appelé Roger Milla. Cependant, si certaines personnes se posent des questions, l’intéressé semble serein et se sent prêt à offrir aux Labattoiriens sa troisième coupe de France sur les 4 finales jouées.
Au début de cette rencontre, Labattoir souffre, notamment son côté droit où Taboi et Yasser n’arrivent pas à arrêter les assauts des Mtsapérois. Coup sur coup, Mtsapéré se procure d’énormes occasions venant du côté droit. Mais en ce début de match, Mouayad le portier des bleus veille et arrête tout. A cet instant, on se dit que FCL va souffrir s’il n’arrive pas à bloquer son côté droit. Après une vingtaine de minutes de jeu, Magnélé connu sous le surnom de Messi, reprendra un centre venant du côté droit et ouvrira le score en faveur des Mtsapérois.
Schaka, s’agite sur le banc remobilise sa troupe mais son milieu de terrain n’arrive pas à récupérer les ballons et quand il le récupère il le perd aussitôt. Devant l’attaquant, Polin est isolé, Il n’est pas accompagné par son milieu et ne trouve ni appui ni soutien. Dans ces conditions, difficile d’aller inquiéter Bouyasse le gardien de Mtsapéré. FCM se régale, se promène sur le terrain car FCL leur a laissé l’initiative du jeu, en ne mettant pas de pression sur le porteur du ballon.
Après une demi-heure de jeu, sur un ballon venant encore de la droite, Mouayad irréprochable jusqu’ici a commis une faute de main et l’attaquant malgache des rouges ne se fera pas prier pour alourdir le score à 2-0 et rapprocher ses partenaires de leur 7ème victoire en coupe de France régionale. A cet instant Schaka décide d’apporter un nouveau souffle à son équipe en faisant remplacer le vétéran Kanu par Auxerre pour retrouver son milieu classique. La première période s’est soldée sur le score de 2 à 0 en faveur du FCM, le favori de cette finale.
À la reprise de la deuxième période, les Labattoiriens montrent un visage plus conquérant plus combatif. Le mal n’est-il pas déjà fait contre une équipe qui n’encaisse pas beaucoup de buts ? La bande à El-Yanour et Amé l’adjoint au coach ne laisse pas à leur adversaire le soin de développer leur jeu et agresse constamment les porteurs de ballon de l’équipe adversaire. Ainsi, ils arrivent à se procurer des occasions et l’espoir de voir les bleus marquer commence à naître dans les esprits des supporters. Malheureusement, c’était écrit que FCL n’allait pas remporter sa première coupe de France car sur un ballon plus qu’anodin entre Eli et son gardien, ce dernier lui demande de le lui laisser mais ne maîtrisera pas sa sortie. Jonny l’attaquant de Mtsapéré, vif comme Bolt, surgira de nulle part pour tromper de la tête Mouayad. Avec ce troisième but, c’est tous les espoirs de Labattoir qui s’envoleront et Mtsapéré s’assure de gagner définitivement la coupe. Au coup de sifflet final, Schaka déclarera au micro de Mayotte Première : « On nous a volé notre victoire par des pratiques que les joueurs n’étaient pas habitués et qui n’ont rien à voir avec le football »
FCL continue sa progression et sa régularité dans son championnat et celui de Mayotte. Après la défaite en coupe de Mayotte l’année dernière contre une équipe à sa portée, ils sont encore tombés cette année contre plus fort qu’eux. Alors jamais 2 sans 3 ou la troisième fois sera la bonne ? FCL qui a perdu en finale devrait recevoir une équipe métropolitaine pendant que FCM le vainqueur sera reçu en métropole au mois de novembre comme dans les autres départements d’Outre-mer. Mais faute de structure ils sont doublement pénalisés. Cependant on peut s’interroger sur l’arrivée d’une équipe métropolitaine à Mayotte. Dans la procédure de la coupe de France, les équipes métropolitaines qui se déplacent en Outre-mer le font sur la base du volontariat. Dans la mesure où la pelouse de Bandraboua peut recevoir n’importe quelle équipe internationale, les équipes mahoraises ne pourront-elles pas recevoir une équipe métropolitaine à Bandraboua et utiliser l’école primaire en face comme vestiaire le temps d’un match. Et les supporters vous dites ? Vu que les équipes métropolitaines se déplacent sans supporters, les Mahorais se mettront debout derrière le grillage en attendant la construction de gradins.