Souvenez-vous, en avril 2014, lors de la mise en place du bureau municipal (cf. n° 79), Lavie jubilait, allègrement, après la défaite de Mohamadi Bacar M’colo (N’tché) ou la victoire de S2O (c’est selon). Quatre ans plus tard, plus rien ne va ! Retour sur un mariage d’intérêt.
C’est après la réunification des deux branches du MDM local, dont une était conduite par Inssa Soulaïmana et Simba Omar Satso que Lavie décide de lâcher publiquement ce dernier affirmant même dans nos colonnes que « Satso a abusé de ma confiance » (cf. n° 76 & 77). C’est alors qu’il rejoint le camp du Néma avec quelques-uns de ses frères de politique (on peut citer notamment) pour lui prêter main-forte dans la campagne municipale.
Si beaucoup d’analystes s’accordent à dire que la victoire de la liste Néma avec à sa tête Said Omar Oili (S2O) n’était que formalité car la population a, fortement, été déçue de l’attitude de N’tché et des siens lors des élections législatives de 2012, il n’en est pas moins que Lavie a apporté un soutien de poids et a certainement participé à l’élection, dès le premier tour, de S2O. Quatre candidats et un seul tour. Du jamais vu !
Un an plus tard, c’est S2O qui se battait contre vents et marrées (brandissant même la possible démission si jamais) pour imposer Lavie comme binôme de Fatima Souffou alors que beaucoup s’attendaient à ce qu’il le trahisse « comme à ses habitudes », avançaient certaines mauvaises langues. Alors pourquoi le torchon a-t-il brûlé ?
D’après nos informations et analyses, Lavie n’aurait pas avalé la pilule et aurait très mal pris le fait que S2O choisisse et se batte pour Fatima à ses dépens pour le poste de 1er vice-présidente du Conseil départemental. Depuis plus rien ne va et Lavie s’est juré de se venger et de mettre à terre S2O.
« Je ne suis pas l’un de ses pions qu’il manipule à sa guise. Je suis tout autant intelligent et fin stratège en politique que lui », me confie Lavie. Et de rajouter « je ne lui dois rien ! Je l’ai aidé pour les municipales, il en a fait autant pour les départementales. C’était un marché et un juste retour de bâton même si j’estime ne pas avoir été payé à ma juste valeur. D’ailleurs ce sont eux qui sont venus me solliciter, pas moi ! ». Voilà qui a le mérite d’être clair. Et de son côté, S2O balance de petites piques ici et là, notamment à l’occasion du retour en fanfare du nouveau Président d’Interco’ Outre-mer, Mikidache Houmadi (cf. n° 103 de février 2018). Dans son allocution, il piquera subliminalemen son ennemi d’avant-hier, allié d’hier et ennemi d’aujourd’hui, affirmant que « nous avons honoré un homme dont personne ne voulait entendre parler (politiquement bien sûr – ndlr) mais il n’a rien compris ! Mais ce n’est pas grave, zahé na mou’ngou ».
La revanche est un plat qui se mange…
Pour mettre à exécution son plan de mise à terre de S2O, Lavie a miné le terrain sénatorial et en véritable sous-marin, il a fait plier l’actuel premier magistrat de Dzaoudzi. Innocent aux oreilles de beaucoup, il n’a eu de cesse de répéter à qui voulait l’entendre son non-implication dans la déroute sénatoriale de S2O. Doucement mais sûrement, Lavie file droit vers son dessein.
S2O : vers un destin à la N’tché ?
Alors qu’en juin 2017, le leader de Néma n’avait officiellement pas donné de consigne de votes ou ouvertement soutenu tel ou tel candidat, il s’est publiquement affiché aux côtés du candidat LR pour cette élection partielle ; se mettant à dos une partie de sa population et notamment la forte communauté de Tsembéhou qui roule avec Lavie. Le bras droit de l’opérationnel de S2O, Kapron n’a donc rien pu faire face aux subtiles manœuvres de l’ancien maire Lavie. On avance ici la préférence petite-terrienne. Soutenir donc Elad Chakrina aux dépens de Ramlati Ali, habitante de Labattoir, n’est-il pas une erreur politique à l’instar de ce qu’avait fait Mohamadi Bacar M’colo N’tché lors des législatives de 2012 et qui a conduit à sa perte ? S2O court-il vers la même fin ? Le temps nous le dira en 2020.
On est en droit de se poser la question au vu des résultats des urnes. Malgré le soutien de celui que l’on dit « mwégnéwé i Labattoira », Elad Chakrina n’arrive pourtant pas en tête dans la localité. C’est, au contraire, Ramlati Ali qui rafle la mise avec plus de 64% contre 35% pour Elad Chakrina. Une victoire de plus pour Lavie qui a apporté son soutien à l’ancienne députée déchue et qui, au cours des meetings, n’a pas hésité à écorner « mwégnéwé i Labattoira ».
Après ses échecs aux échéances au niveau départemental pour des mandats nationaux et les déroutes de ses soutiens, S2O reste-t-il encore un poids lourd du paysage politique local ? Est-il toujours judicieux de chercher son soutien ? Celui qui a « tué deux éléphants avec une seule balle » a-t-il plus d’un tour dans son sac ou Lavie aura-t-il le fin mot de l’histoire ? Et que faut-il penser de Lavie qui, en 2014 déjà, lors des élections municipales, s’est joué de Satso, s’est vengé de N’tché et qui vraisemblablement attend 2020 pour défier S2O ? Des personnes avec lesquelles il a partagé des intérêts et qui, par la suite, sont toutes devenues des ennemis…
Qoi qu’il en soit, le divorce semble bien consommé et seul le temps nous apportera toutes les réponses à ces questions. À suivre…