Voici quelques jours, les Guyanais se soulevaient, sous l’initiative des « 500 Frères » et des formations syndicales, pour réclamer de meilleures conditions de vie et notamment contre l’insécurité. Moins d’une semaine après le blocage total du pays, le Gouvernement propose une enveloppe d’un montant global de 1,085 milliard d’euros.
À apprendre cela, on peut se demander où est l’égalité de traitement de la part du Gouvernement. En effet alors que Mayotte connaît presque les mêmes difficultés que la Guyane, jamais elle n’a été considérée. Dans la crise de l’eau qui frappe actuellement notre île, la Ministre des Outre-mer n’est arrivée à Mayotte que trois après (contre une semaine en Guyane et s’est même excusée publiquement devant le perron de la Préfecture de Guyane alors qu’elle accable les élus de Mayotte dans la gestion de l’eau). Une enveloppe de 500 mille euros a été allouée pour l’achat de bouteilles d’eau pour les écoles et un peu plus de 15 millions pour des travaux de forage, de mise en relation des retenues collinaires existantes, la création d’une troisième ainsi qu’une usine de désalinisation au sud. Quant au projet de tankers d’eau, longtemps annoncés, je pense qu’il va falloir, une fois de plus, oublier.
En août 2014, alors en visite officielle dans l’île, ponctuée par un passage dans la commune, le Président de la République François Hollande avait fait des annonces au Centre universitaire de Dembéni, devant les élus locaux, de 500 salles de classes et autres. Demandez à Rivo si le compte y est ! Quelques années plus tard, Bernard Caseneuve, le locataire de Matignon après la démission de Valls, alors Ministre de l’intérieur, annonçait le « Plan sécurité Mayotte » avec notamment le renfort des effectifs de Police et de Gendarmerie. Quelques remplacements suite aux départs contractuels, un groupement du GIGN et plus rien alors que la police attendait pas moins de 102 agents supplémentaires et de nouveaux moyens matériels pour exercer correctement leur travail. Ici encore, demandez aux syndicats de police si le compte y est !
Les exemples de promesses non tenues sont nombreux ou encore de discrimination face aux droits mais cela n’est jamais vrai face aux devoirs ! Le plus pauvre des départements français est l’oublié de la République et n’obtient d’elle que des miettes. L’égalité républicaine et la solidarité nationale oui mais pas à Mayotte pourrait-on résumer la situation que vit l’île.
Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé », qui rassemble tous les mouvements protestataires dans la crise en Guyane a lancé « nous demandons au président de la République et au gouvernement d’entamer les discussions avec la société guyanaise afin d’ouvrir un débat clair, transparent, visant à doter notre pays, trop éloigné des centres de décisions hexagonaux, un statut particulier pour la Guyane. ». Mayotte ne l’est-elle pas ?
À l’heure où nous publions ce papier, un « plan d’urgence et accords pour la Guyane » a été validé en Conseil des ministres. En plus du plus d’un milliard obtenu en « plan d’urgence », le collectif guyanais a obtenu de l’État un plan de convergence de moyen et long terme sur 10 à 20 ans pour une égalité réelle. La Ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts estime que les « 428 propositions du collectif guyanais ont tous été travaillés et que le plan du Gouvernement y répond à 75% ». En quelques jours, 3 000 Guyanais dans la rue ont obtenu ce que les Mahorais n’ont pas obtenu en 44 jours de grève contre la vie chère, en plus de quatre mois de pénurie d’eau ou encore 7 000 âmes contre l’insécurité.
Mais la contestation se prépare et s’organise, Mayotte estimant que l’égalité républicaine et la solidarité nationale doivent jouer dans ce département qui n’est plus ni plus que le plus pauvre de France. Le collectif « Bassi ivo » lance un appel à l’unité territorial à l’instar de la Guyane pour une plateforme de revendications commune et ainsi défendre les intérêts de l’île d’une seule et même voix !