Après plusieurs rendez-vous manqués faute de timing, c’est finalement le samedi 4 octobre qu’on arrive à se caler et c’est à la plage des Badamiers, auprès des siens, que je retrouve Freddy NOVOU, celui qui aime à se qualifier « d’apprenti politique » pour un entretien. Les sujets ? Bah, tout !
On commence alors par ses débuts en politique. Et sans surprise, « Je suis tombé dans la politique en 2008 avec une bande d’amis. On a été élus et une fois élus, on a assumé… on a quand même assez bien assumé les responsabilités qui nous avaient été confiées. On aurait aimé faire mieux mais on a fait ce que l’on pouvait avec les moyens qu’on avait à l’époque. Des réalisations on en a, des projets on en a eus. Certains menés à bien d’autres non, mais cela fait partie du quotidien de la vie politique », explique Freddy NOVOU.
Et quant au résultat des dernières élections, « On a été battus aux dernières élections municipales. Les gens ont fait confiance à une autre liste qu’ils ont massivement votée. Mais pourquoi ont-ils été élus ? Sincèrement je pense qu’avec la crise, les plus chanceux sont les marchands de rêve ! Les gens aujourd’hui espèrent tellement, attendent tellement que quiconque leur proposerait de faire un pont entre ici et La Réunion sont prêts à le croire ! Pourquoi ? Parce qu’on est dans le domaine du rêve. Ceux qui arrivent donc à vendre du rêve aux gens, l’emportent ».
Membre donc de l’ancienne majorité municipale de Mohamadi BACAR MCOLO, Freddy NOVOU a été délégué communal au Sieam (Syndicat des eaux). Aujourd’hui dans l’opposition, on se souvient des débuts très difficiles entre la nouvelle équipe majoritaire et le camp de Freddy, et notamment de l’épisode du claquement de la porte ! Pour Freddy « les débuts ont été très difficiles car tout ce qu’on disait, était balancé d’un revers de main car la majorité étant très largement majoritaire, il n’y avait pas tellement de débat ! Et j’étais le premier à crier haut et fort que l’absence de débat au Conseil municipal nuisait fortement à la bonne marche de la démocratie dans notre commune. D’autant plus que la majorité municipale n’a rien à craindre au vu du nombre d’opposants ! Je ne comprenais donc pas pourquoi il n’y avait pas cet espace de liberté au sein du Conseil ».
À en croire l’apprenti politique, les choses ont depuis bien évoluées et que « dans beaucoup de cas, on a été une force de proposition, un autre regard sur beaucoup de sujets. Aujourd’hui le maire Saïd OMAR OILI a compris que l’opposition peut l’aider à s’améliorer. J’ai même été surpris quand un jour il m’a dit : tu sais Freddy, on s’enrichit à votre contact. L’opposition leur fait du bien et l’opposition est un garde-fou pour eux ».
Nombreux sont ceux qui pointaient du doigt et avançaient une mauvaise gestion de la part de l’ancienne équipe, notamment juste après l’élection du maire, avec parfois un jeu de mots « ils ont vraiment géré autrement ». Freddy se souvient donc « de l’épisode médiatique où l’on a fait courir le bruit que la Mairie était en déficit de plus d’un million trois-cents mille euro (1 300 000€). Et une fois en commission, on s’est aperçu que tout cela n’était que du vent ». Et Freddy d’expliquer que « effectivement la Mairie est déficitaire mais cela s’explique facilement puisque si le déficit cumulé s’élève à un peu plus de 600 000€ en fonctionnement, cela représente le manque à gagner en terme de DGF (dotation globale de fonctionnement) suite au dernier recensement. Le Mairie actuel l’a très bien compris et ne le crie plus. Mais c’est comme toujours. Quand on arrive à la tête d’une collectivité, d’une commune, on veut prouver que les autres ont mal fait et on passe l’essentiel de son temps à vouloir le prouver. En six ans de pouvoir c’est : vous n’avez pas fait ceci, vous auriez dû faire cela… Je dis tout simplement qu’il faut rester zen et se dire qu’aujourd’hui le niveau d’exigence en matière de règlementation n’est plus le même qu’il y a deux ou trois ans puisqu’on est passé Département ».
Qui n’a pas eu vent d’une gestion calamiteuse de l’ancienne équipe municipale avec une administration quasi inexistante, sans organigramme ? Freddy s’en défend et explique quant à la question du tableau d’effectif que «tout acte est envoyé au Contrôle de légalité et ce dernier vous réclame un certain nombre de pièces. Si vous ne les fournissez pas, il y a des rappels à l’ordre. Que l’adjoint au maire en charge de l’administration générale me prouve qu’il y a eu des rappels dans ce sens ».
LI+ : et votre point de vue par rapport à la récente intercommunalité ?
FN : « L’intercommunalité, on est obligé de la faire. Mais je m’interroge aujourd’hui si Pamandzi est devenue une banlieue de Labattoir parce que très souvent j’apprends l’ordre du jour du Conseil municipal de Pamandzi à Labattoir. Maintenant il faudra savoir ce qu’on va mettre exactement dans cette intercommunalité. J’ai cru comprendre que c’est un bébé à l’initiative de Mahafour [Le maire de Pamandzi – ndlr]. Pamandzi a voté mais le maire de Labattoir n’en a pas encore parlé. J’attends d’avoir les rapports pour voir exactement ce qu’il en est ! Mais une chose est sûre, l’intercommunalité il faut la faire pour mutualiser les moyens, faire des économies,… Mais si c’est pour faire une intercommunalité pour nous coûter plus cher que l’existant, ça n’a pas de sens. De ce que j’ai entendu, il y aura 15 membres de chaque commune. Je ne comprends pas trop pourquoi 15 membres de chaque commune alors que Labattoir est deux fois plus importante que Pamandzi, que ce sont les maires qui vont la présider de manière tournante… très franchement j’attends d’avoir les éléments. Je l’ai lu dans les journaux mais sans plus ».
Si Freddy est favorable à une intercommunalité, il reste cependant sceptique et explique que « il ne faut pas qu’on crée des structures pour placer nos petits copains, nos à-côtés et qu’on se retrouve demain avec une commune super endettée ».
LI+ : en 2011, votre nom était avancé pour les cantonales, qu’en était-il vraiment ?
FN : « Je t’ai dit en préambule que je suis apprenti politique et je n’ai pas la prétention contrairement à ce que j’entends aujourd’hui. On n’a rien inventé, on recopie ! Une chose sur laquelle je suis ferme, c’est qu’en politique il faut être constant dans ses idées, il faut savoir défendre des valeurs. Je suis content, moi, d’avoir perdu sur mes idées au lieu de gagner sur les idées des autres. Ça s’est fait dans la commune et tu sais de quoi je veux parler. Effectivement j’étais un candidat potentiel en 2011 comme beaucoup dans mon parti. On entendait surtout mon nom peut-être parce que j’étais proche du maire. La décision de savoir quels seront nos candidats aux prochaines cantonales sera prise sous peu. Mais chez nous au moins il y a une règle ; une règle qui est stricte et claire. C’est une règle démocratique. On n’impose personne ! Tout le monde a le droit de faire valoir sa candidature et il y a un comité qui décide contrairement à certains qui imposent ou s’imposent ! Mdr [mort de rire – ndlr] »
LI+ : Je suppose que tu veux, entre autres, parler de Lavie ?
FN : « Tu veux que je parle de Lavie ? Il est quand même bizarre. C’est quelqu’un qui a combattu pendant des années le maire actuel et qui est devenu son meilleur copain aujourd’hui. C’est quelqu’un qui est le dernier à rentrer dans Néma et qui est son premier candidat…. Donc je ne sais pas ! Je sais que j’ai des convictions. Je suis prêt à tout faire pour gagner mais j’ai des limites. Je ne tuerais pas ma mère, je ne la vendrais pas pour gagner une élection ! Je ne suis pas prêt à tout pour gagner ! Je pensais naïvement que Néma avait d’autres candidats en lice mais je me rends compte que le soutien de Lavie n’est qu’histoire de copinage : je te soutiens, tu me soutiens ! Depuis 2011, j’entends ici et là que c’est Djanffar qui devait être candidat et je ne comprends pas qu’il ait laissé sa place à Lavie ». Et avec une pointe d’ironie de rajouter « je pense effectivement que Néma est un grand parti ! Parce qu’il a très peu de candidats que ça le dérange pas de prendre les derniers arrivés et les présenter en candidat ! »
À fond sur l’idée des valeurs en politique, Freddy NOVOU continue son propos et jette son exemple sur Youssouf MOUSSA (FD). « C’est un gars que je ne connais pas personnellement mais voilà un gars qui a ses idées indépendantistes depuis plus de trente ans et il n’en déroge pas. Et rien que pour ça, je le respecte ! Il est constant. Pas comme certains qui sont ambigus et qui ne cherchent qu’à séduire un certain électorat »
LI+ : et c’est quoi les perspectives du MDM aujourd’hui au niveau communal ?
FN : « au niveau communal, le MDM doit se reconstruire. Et contrairement à ce que l’on dit, le MDM n’est pas mort ! Ce n’est pas parce qu’on a perdu une élection que nos adversaires nous ont tués, non ! On traverse une crise comme il y en a partout. Aujourd’hui, on est en train de reconstruire le parti. On va le structurer et se préparer pour les échéances à venir. Et toujours au niveau du Conseil municipal, on va aider la majorité à s’améliorer parce qu’on va être une force de proposition prenante et active »
LI+ : à ce jour, vous n’avez pas encore décidé qui seront vos candidats. Vous n’êtes pas un peu en retard ?
FN : « Tu connais l’histoire du lièvre et de la tortue ? Le plus important ce n’est pas le démarrage, c’est l’arrivée. Parce qu’entre temps, tu sais, il y a des obstacles »
LI+ : le mot de la fin ?
FN : « des projets ont été initié pour embellir la commune, développer un cadre de vie agréable. Ces dossiers existent. Il ne faudrait pas les enterrer tout simplement parce qu’ils ne viennent pas de l’équipe actuelle. Il faut qu’il y ait une continuité et je pense que tout le monde aura à gagner si notre commune, en terme de sécurité, de joie de vivre, les gens s’y retrouve. En termes de sécurité, ça a vraiment baissé. Labattoir devient craignos ! Il y a beaucoup de jeunes qui sont livrés à eux-mêmes. On utilisait le milieu associatif pour canaliser tout cela. La mairie devra, très rapidement, trouver des moyens pour redistribuer aux associations afin de les aider à éliminer l’oisiveté des jeunes. La seule chose que je veux, c’est que la commune avance, qu’on ait une belle commune et surtout qu’on n’ait pas une commune à l’image de ce qui a été laissé au Conseil général. Je parle bien sûr au niveau des finances. On se reconnaîtra ! »