Après des mois d’angoisse, de travail de longue haleine sur le terrain et des réunions à n’en plus finir, tous les prétendants à la fonction suprême de Premier magistrat de la commune ont pris acte de la volonté de la population par le biais des élections municipales de mars 2014.
La démocratie a parlé et la population a fait son choix entre quatre listes. Et c’est la liste Néma, avec à sa tête l’actuel conseiller général du canton Saïd OMAR OILI, qui rafle la mise avec 60,27% des suffrages exprimés.
Chronique d’un sacre
Tout commence au lendemain des élections législatives de juillet 2012. Après sa défaite face à celui que l’on surnomme Député Mabawa, Boinali SAID TOUMBOU, qui a reçu le soutien du MDM et notamment d’une partie de l’ancienne la majorité municipale de Mohamadi BACAR MCOLO, des voix au sein de Néma se sont élevées pour demander à leur leader de se préparer pour prendre les clés de la commune compte tenu des nouvelles attributions de droit commun et autre décentralisation qu’allaient connaître les communes de l’île ; ces mêmes militants estimant qu’il a l’expérience, la compétence et le réseau qu’il faut pour cela ! Bien plus loin dans ce papier, nous verrons aussi que ce n’est pas qu’au sein du Néma qu’on a demandé au conseiller général de briguer la fonction de Premier magistrat de la commune.
Annonce de la candidature
Le samedi 23 février 2013 dernier, un peu plus de six mois après sa débâcle aux élections législatives donc, S2O convie les membres, amis et sympathisants du Néma chez lui pour une annonce. « J’ai été très honoré quand mes amis m’ont dit me confier les responsabilités pour la tête de la commune. Mais je ne vous cache pas que j’ai eu peur ! J’ai peur car diriger, mener, administrer une commune n’est pas une tâche facile ! Ce sont de très lourdes responsabilités », confiait S2O à pas moins de deux cents personnes réunies dans sa cour.
À cette annonce, des mauvaises répondront très vite que S2O se rabaisse à vouloir devenir premier magistrat de la commune, lui qui est conseiller général et qui a été Président du Conseil général. Mais le temps lui donnera raison puisqu’il ne sera pas le seul élu conseiller général à se lancer dans la course de la fonction communale suprême. En effet, Said AHAMADI Raos et Mirhane OUSSÉNI, tous deux vice-présidents au Conseil général, se porteront candidats dans leurs communes respectives mais ne connaîtront pas la même fin que Said OMAR OILI.
Des rebondissements et des prémonitions
Une fois sa candidature annoncée, Néma et S2O avaient fort à faire pour arriver à leurs fins car ils n’étaient pas les seuls à briguer cette fonction. En effet, cinq autres candidats (Satso, Tamadouni, Omar Tic-Tac, Aïda et N’tché) avaient annoncé leur intention de se lancer dans la bataille.
Le groupe de Satso, soutenu par M’ché Lavie, va chercher au fur du temps se réunir avec les autres groupes en lisse se disant MDM afin de concentrer leurs forces et efforts pour remporter la bataille. Seulement voilà, les pourparlers n’aboutiront, seulement, qu’avec le groupe du maire Mohamadi BACAR MCOLO N’tché. Ennemi juré de M’ché Lavie, ce dernier remettra en cause cette réunification, ce qui causera la fin du groupe Satso et la naissance du groupe Zaki (lire les n°76 et 77).
Si l’on a assisté à pleins de rebondissements, de changements de fusil d’épaule durant les quelques mois qui ont précédé l’élection notamment la réunification du MDM, le soutien de Chms Eddine FAZUL à S2O, le départ de Zico et Hakim du groupe M’troumché M’lézi, le soutien de Zico à N’tché après que ce dernier lui ai demandé des comptes sur les 50 000€ de subvention qu’aurait reçu le FCL, deux faits passés inaperçus peut être, que je qualifie de prémonitoires, m’ont frappé.
En effet, alors que six candidats s’étaient déclarés à Labattoir et ont, tous les six participé à un débat radiodiffusé sur Mayotte Première, deux candidats n’ont pas participé au grand débat télévisé qui s’est tenu la veille de la date imite de dépôt des listes officielles à savoir Zaki et Tamadouni. Et fait prémonitoire ou pas, ce sont pourtant ces deux listes qui furent invalidées le lendemain par la Préfecture pour cause de doublon. Et leurs recours ne donneront rien. Autre fait qui a retenu mon attention, le tirage au sort de la Préfecture quant à l’attribution des numéros d’ordre des quatre listes alors en course. À l’annonce des résultats des urnes, je me suis dit que S2O a su garder le numéro que lui avait tiré au sort la Préfecture à savoir le n°1 et a fini en tête de ces dits résultats. Trop facile la relation oui mais ce ne sont que les faits !
Un soutien de poids ?
Un célèbre adage dit « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». C’est ce qui s’est passé avec l’invalidation de la liste du groupe Zaki et M’ché Lavie. Dans leur malheur et contrairement à Tamadouni qui est resté discret sur son soutien, Zaki et M’ché Lavie se sont publiquement affichés aux côtés de S2O ; lequel avait déjà conquis plus d’un membre du MDM.
Malgré sa défaite sanction de 2008 face à Mohamadi BACAR MCOLO, Lavie a gardé un certain électorat qui l’ont suivi et soutenu S2O. Certains s’accordent même à dire que si la victoire de S2O à ces élections ne posait presque aucune question, Lavie a ravi la vedette au leader du Néma et a scellé cette victoire en un tour avec le fameux « tsoma moja tu » que reprenaient tous les candidats. Une électrice de Labattoir me confiait avoir été approchée par Lavie afin qu’elle vote pour son candidat Zaki (avant que la liste ne soit invalidée bien sûr) ou que si elle ne pouvait pas, qu’elle apporte son soutien à S2O. Si Lavie appelait publiquement à voter le candidat le plus compétant de tous, il voulait surtout prendre sa revanche et renverser celui qu’il dit l’avoir trahi, humilié et Sali publiquement !
Une sanction prévisible
Selon les rumeurs, il était prévu que ce soit Fatima SOUFFOU qui aille défendre les couleurs du Néma lors des Municipales de 2014. Mais après la fronde des Législatives de 2012 et l’acte anti chauvin de nos élus sortants à savoir N’tché et son groupe, ce sont les cocos du MDM qui auraient demandé à S2O de se porter candidat afin de sanctionner ce groupe qui a déshonoré la ville. Et il est vrai qu’après ces législatives, nombreuses sont les personnes de Grande Terre qui nous riaient au nez en mettant en exergue la ‘bêtise’ de nos élus communaux sortants.
Le groupe N’tché ne pouvait ne pas être au courant de la sanction qu’une grande majorité leur réservait donc. Pourquoi n’a-t-il pas sauvé les meubles en se désistant ? Le pouvoir a t-t-il un goût aussi alléchant et insatiable ?
Les urnes ont parlé et la population n’a laissé aucune chance à celui qui n’a, à ses yeux, pas défendu les intérêts de la commune. La population lui reprochait également n’avoir rien fait et ne pas avoir défendu les administrés mis en cause dans l’affaire de la grève contre la vie chère de 2009 en Petite-Terre alors que, dans la commune voisine, aucune mise en cause et aucune présentation devant un juge.
À ce jour, Pamandzi et la Grande Terre ne comprennent toujours pas comment les élections de Labattoir ont fait pour se dérouler en un seul tour alors que quatre candidats étaient en course. L’enfant choyé de la commune est arrivé devant, très loin devant, avec quasiment un score d’un Président africain et une différence de presque 1 000 voix sur le second et principal rival le maire sortant Mohamadi BACAR MCOLO.